top of page
Writer's pictureJPhV

Covid-19 au quotidien

25 avril 2020 – Chroniques d’un désastre mal énoncé…


Alors que des présidents de paroisses de la grande banlieue de la Nouvelle-Orléans annoncent l’allègement des restrictions et la réouverture début mai des restaurants et des commerces en paliers, beaucoup de questions restent en suspens. L’état de Louisiane enregistre à présent près de 27.000 personnes testées positives, 1650 décès et plus de 1700 malades hospitalisés. La Nouvelle-Orléans et sa banlieue compte à elle seule près de la moitié des cas et 750 victimes du coronavirus. En comparaison avec les statistiques du pays, les chiffres semblent vouloir rassurer les autorités locales sur les effets de la distanciation sociale et de la mise en veille de la grande partie du secteur économique. Bientôt 1 million de cas aux États-Unis et plus de 54.000 décès.


Mais les résidents de la ville sont en deuil de leurs festivals de printemps qui génèrent chaque année à la même période des centaines de millions de dollars de revenus pour l’industrie du tourisme, la restauration, l’hôtellerie et les commerces bénéficiant de cette manne annuelle. Ce 23 avril aurait été l’ouverture officielle de Jazz Fest : une célébration musicale et culturelle étalée sur deux longs weekends de 4 jours chacun. Ce festival organisé sur le vaste domaine de l’hippodrome municipal offre chaque année un vaste ensemble de 12 scènes variées. Des musiciens et des artistes locaux, mais aussi des chanteurs et des groupes de réputation internationale, régalent plus de 400.000 fans venus profiter de tous les styles musicaux. Impossible d’autoriser un événement de cette ampleur en pleine crise virale. Seulement, les répercussions de cette annulation inévitable vont se faire sentir sur toute l’économie de la région, forçant une multitude à pointer au bureau de chômage en espérant obtenir une indemnisation hebdomadaire.


Les structures portuaires accusent une chute drastique du volume cargos et passagers. Les navires de croisière ont enregistré une baisse de 55% en mars avant une cessation complète des opérations après le 15 mars. Aucun départ ne pourra se faire avant le mois d’août, si le Centre pour le contrôle des maladies siégeant à Atlanta, le fameux CDC, ne prolonge pas l’interdiction de naviguer. La situation n’est guère plus brillante à l’aéroport Louis Armstrong. Avec les vols internationaux supprimés jusqu’à une date qui n’a pas encore été déterminée, le tout nouvel aéroport d’un milliard de dollars qui a ouvert ses portes en novembre dernier accuse une chute de 70% du trafic passagers. Les chiffres des revenus des casinos, des bateaux à aubes et des attractions locales sont à l’avenant. La tradition des funérailles de jazz s’est évanouie au milieu des rues désertées du Vieux Carré. Les lycéens et les étudiants seront privés de leurs cérémonies de remise des diplômes et de leur bal de promotion. Les mariages sont reportés en juillet prochain. Les enterrements se font dans la plus stricte intimité des familles avec l’interdiction de rassembler 10 personnes et plus.


Du jamais vu : la rue Bourbon déserte et silencieuse.

Pour le moment, les ressources des habitants, même si elles montrent un essoufflement certain en forçant la majorité à puiser dans leurs ultimes réserves personnelles, ne montrent pas encore de signes alarmants. Les aides des organisations caritatives, les banques alimentaires, les indemnités de chômage et les fonds alloués par le gouvernement fédéral pour le maintien en place des employés et le paiement des salariés, entretiennent l’économie de base et éloigne le spectre de l’agitation populaire. Les résidents continuent de montrer une patience entretenue par les expériences régulières des ouragans, des inondations historiques et de la précédente crise économique.


Les allocutions journalières du gouverneur de Louisiane, John Bel Edwards, montrent que la courbe s’est infléchie, que les signes définis par Washington permettant d’entrer dans la phase 1 du processus de redémarrage de l’économie de l’état semblent se réunir à chaque jour qui passe. La date butoir du 30 avril est imminente. Est-ce que les autorités vont assumer leur responsabilité jusqu’au bout ? Madame le maire de la Nouvelle-Orléans, LaToya Cantrell, a choisi d’attendre le 15 mai pour tenter de rouvrir la ville tout en limitant l’afflux touristique. Tout le monde retient son souffle. Chacun se prépare à entrer dans la nouvelle « normalité » imposée par cette crise complexe et insidieuse. Le milieu médical reste prudent et inquiet. Épuisés par des semaines intenses, docteurs, infirmiers et personnel soignant n’auraient peut-être pas les ressources d’affronter une seconde vague…

2 views0 comments

Comments


bottom of page